L'UMP riposte depuis dimanche soir au premier grand meeting de François Hollande. Le parti présidentiel a distribué ce mardi un tract tiré à 6 millions d'exemplaires, destiné à "rétablir la vérité" sur le bilan de Nicolas Sarkozy et vanter les "10 grandes réformes" du quinquennat.
Parmi elles, la réforme des retraites bien sûr, mais aussi la défiscalisation des heures supplémentaires, la suppression des droits de succession, la revalorisation de 25% de l'Allocation adulte handicapé ou encore le service minimum dans les transports - même si en réalité il ne s'agit pas de réquisitionner les agents mais de les obliger à déclarer 48h à l'avance leur grève.
Au dos de ce tract, une quinzaine de chiffres, censés illustrer "cinq ans de résultats au service des Français", mais qui ne sont pas toujours les plus pertinents, voire sujets à caution. Décryptage.
Pauvreté 150.000 personnes sont sorties de la pauvreté grâce au RSA, met en avant le tract. C'est vrai. Selon un récent rapport du comité national chargé de son évaluation, le revenu de solidarité active (RSA), entré en vigueur en juin 2009, a un effet réel observé sur la pauvreté. Mais c'est très insuffisant.
Le taux de pauvreté n'a ainsi reculé de 0,2 point. On est donc loin de l'objectif de Nicolas Sarkozy, en début de mandat, de réduire la pauvreté d'un tiers.
Selon l'Insee, la France métropolitaine comptait 8,2 millions personnes vivant avec moins de 954 euros par mois en 2009 - le seuil de pauvreté -, contre 7,8 millions en 2008. Et même sans la crise, "l'objectif de baisse de 33% de la pauvreté n'aurait pu être atteint car l'action gouvernementale n'est pas assez efficace", relève Jérôme Vignon, président de l'Observatoire nationale de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes). Les revalorisations du RSA notamment ne suivent pas celle des revenus.
Les bénéficiaires du "RSA socle" (1,5 million), qui a remplacé le RMI, touchent environ 450 euros par mois, soit la moitié du seuil de pauvreté. Quant à l'autre grand objectif du RSA - favoriser le retour a à l'emploi -, il n'a pas été atteint.
Logement 600 000 logements sociaux ont été construits depuis 2007, affirme l'UMP. 580 000 pour être précis, et il s'agit de logements dont le financement a été agréé. En réalité, il y a eu 330 000 mises en chantiers de logements sociaux entre 2007 et 2010. Le bilan pour 2011 sera présenté demain par le secrétaire d'Etat au logement Benoist Apparu.
Ce niveau est quand même 40% plus élevé qu'au début des années 2000. Une grande partie de cette hausse est toutefois imputable au plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo en 2005, qui prévoyait le financement de 500 000 HLM sur cinq ans.
Par ailleurs, ce n'est pas grâce à l'Etat que ces logements ont pu être financés: la contribution de l'Etat au financement d'un logement social a été divisée par deux entre 1999 et 2009, passant de 7% à 3%, tandis que celle des collectivités locales était multipliée par cinq. Surtout, cet effort reste insuffisant. Le déficit de logements sociaux est estimé à près d'un million
. Seules 450 000 demandes sont satisfaites chaque année, alors qu'il y a 1,2 millions de personnes en attente. Selon la Fondation Abbé Pierre; quelque 10 millions de personnes sont touchées à divers degrés par la crise du logement en France, dont 3,6 millions sont mal logées.
Pouvoir d'achat 9,4 millions de salariés ont bénéficié de la défiscalisation des heures supplémentaires - le fameux "travailler plus pour gagner plus", se vante l'UMP dans son tract. C'est vrai, selon un rapport parlementaire publié mi-2011. Ces salariés ont touché, grâce à l'exonération de cotisations sociales (l'heure est rémunérée au brut) et à l'exonération fiscale (la rémunération des heures supplémentaires est déductible de l'impôt sur le revenu), 3,2 milliards d'euros par an, soit 42 euros par mois et par salarié.
Néanmoins, ce dispositif ne bénéficie ni aux non salariés ni aux salariés à temps partiel, et dans sa globalité aux seuls salariés imposables. C'est-à-dire qu'il exclut les personnes aux revenus les plus modestes. Or cette mesure coûte très cher aux finances publiques - 4,5 milliards d'euros par an. Ce chiffre n'est en outre en aucun cas un indicateur de l'évolution du pouvoir d'achat des ménages.
Selon l'Insee, le pouvoir d'achat des ménages par unité de consommation a progressé de 2,4% en 2007, puis diminué de 0,4% en 2008, pour légèrement se redresser de 0,8% en 2009, +0,1% en 2010 et +0,7% en 2011. Avec la hausse attendue des prélèvements obligatoires et le ralentissement des prestations sociales, le pouvoir d'achat des Français devrait reculer de 0,4% par foyer au premier semestre 2012. Le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy en matière de pouvoir d'achat est donc très mitigé.
source l'expansion