Palais de Chaillot, Paris XVIe, Mercredi. A la suite de ses mannequins, Zahia a clôt son défilé en présentant elle-même sa dernière pièce de lingerie. ( (LP/Matthieu de Martignac.) )
Pour la présentation de sa première collection de lingerie, mercredi soir, Zahia avait opté pour un carton d’invitation rose bonbon et enrubanné comme un paquet. Un choix plutôt osé pour celle qui fut le « cadeau d’anniversaire de Franck Ribéry ».
Sans doute peut-on aussi y voir une preuve de lucidité chez ce brin de femme d’à peine 20 ans, qui doit sa soudaine et fulgurante notoriété à ses relations tarifées avec des footballeurs de l’équipe de France, de surcroît alors qu’elle était mineure.
Aujourd’hui, on ne l’appelle plus Z. ni Zahia, mais Zahia Dehar. Et si elle assume cette « étape » de sa vie, elle assure aussi être passée à autre chose. Son actuel train de vie ne manque pourtant pas d’alimenter les rumeurs de supposés « bienfaiteurs » venus de l’étranger. « C’est un conte de fées très original », estime Patrick Hourcade, un ancien du magazine « Vogue », aujourd’hui scénographe, avec qui la jeune femme a entièrement relooké son 300 m2 du XVIe arrondissement. L’itinéraire de Zahia a pourtant démarré dans un milieu modeste, loin des paillettes, à Ghriss en Algérie, où elle voit le jour en 1992.
Son père est chauffeur-livreur, sa mère, Yamina, femme au foyer. Quand le couple bat de l’aile, la maman emmène en France Zahia et son frère cadet. Yamina est serveuse dans un bar-PMU de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), c’est là qu’elle croise celui qui va devenir son nouveau compagnon, Gilbert, qui l’installe dans son pavillon de Saint-Maur-des-Fossés, le long du RER A.
Une ex-camarade de collège : «Ils la regardaient tous avec convoitise. Elle était magnifique»
Zahia a 10 ans et maîtrise mal le français. A son entrée au collège, elle a déjà deux ans de retard. En conseil de classe, les profs notent un « travail insuffisant », mais de la « bonne volonté ». Ils remarquent aussi des compétences artistiques. Les garçons du collège Camille-Pissarro en imaginent déjà d’autres… « Zahia était déjà plus grande, avec des formes de femme, ils la regardaient tous avec convoitise. Elle était magnétique », confie une ex-camarade.
Une autre élève assure que Zahia était souvent invitée dans le quartier chic de la Varenne et même conviée lors de week-ends au ski ou sur la Côte d’Azur. La Lolita décroche en 3e, s’inscrit à une formation privée d’esthéticienne et commence à sortir dans les boîtes parisiennes. Une amie call-girl raconte que la bimbo en herbe était pourtant très assidue en classe, et qu’elle rêvait d’ouvrir son salon de beauté.
En avril 2010, Zahia sort de façon fracassante de l’anonymat avec « l’affaire » Ribéry. La belle fascine. Son décolleté affolant, sa taille de guêpe, sa chevelure blonde peroxydée et ses yeux ourlés de noir lui donnent des airs de Brigitte Bardot. Sans oublier une cambrure à se damner. En bonne femme d’affaires, elle rebondit, négocie interviews et clichés — dont le prestigieux « Vanity Fair » italien — et s’adjoint les services d’un puissant cabinet d’avocats, qui s’empresse de déposer une demi-douzaine de marques à son nom. Parallèlement, elle se fait ouvrir les portes du monde de la mode.
En mars 2011, Zahia lance son site Internet où elle pose pour les plus grands noms de la photo, comme Pierre et Gilles. Des clichés à découvrir à partir du 7 février à la galerie du Passage, accompagnés de quelques-unes de ses créations — dont un moulage de son corps en chrome intitulé « My Z Body » qui révèle un sens indéniable du marketing.
Pierre Passebon, galeriste : «Elle me rappelle les courtisanes du XIXe siècle»
« Elle est venue plusieurs fois à la galerie avant de me proposer ce projet, raconte Pierre Passebon. Zahia a un vrai univers — narcissique, onirique — et un instinct. Son corps est une sorte de langage, elle me rappelle les courtisanes du XIXe siècle. » Artiste, Zahia? Ses interviews hésitantes en font douter. Mais Pierre Hourcade assure qu’elle est bien l’auteur de sa collection de lingerie : « Quand je lui ai demandé, étonné, si elle dessinait, Zahia a sorti une pile de cahiers. Elle a un style graphique singulier pour une autodidacte. Elle ne revient jamais sur un trait. » Dernièrement, Zahia a découvert Rodin, obtenu une visite privée du musée d’Orsay.
Son intérêt ne se limite pas à l’art. Elle se serait, ainsi, irritée de l’arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie. « Elle est curieuse de tout et très maligne », reprend Pierre Hourcade. Assez en tout cas pour avoir fait de Karl Lagerfeld son Pygmalion, qui voit en elle rien de moins qu’une nouvelle Coco Chanel. A la brindille de prouver maintenant qu’elle ne sera pas qu’un feu de paille
source le parisien.
http://www.leparisien.fr/laparisienne/mode/portrait-zahia-dehar-vraiment-culottee-29-01-2012-1834858.php