Au lendemain de l'échec du parti présidentiel aux cantonales, l'UMP a la gueule de bois. Alors que la défaite du parti présidentiel a été imputée à sa «droitisation» par plusieurs figures de la majorité, le très polémique débat sur la laïcité, que doit prochainement organiser le parti à la demande de Nicolas Sarkozy, a été particulièrement montré du doigtdéclenchant une véritable cacophonie au sein d'une majorité au bord de l'implosion
Premier à sortir du bois et à s'élever contre le débat, le porte-parole du gouvernement et chiraquien de coeur, François Baroin, a estimé sur France Info «qu'il faut certainement mettre un terme à tous ces débats».
«Je crois qu'il faut s'écarter de tout ce qui peut, de près ou de loin, donner l'impression de stigmatiser», a ajouté le ministre du Budget lundi matin. D'autres lui ont emboîté le pas, comme le député des Yvelines Etienne Pinte, «totalement d'accord» pour dire «qu'il faut mettre un terme à ce débat».
«Il y a toujours des coups de pied de l'âne...»
Nicolas Sarkozy tient à ce que ce débat ait lieu. «Si le parti ne débattait pas, à quoi servirait-il ?» a lancé le président qui a appelé à resserrer les rangs. Devant l'état-major de l'UMP, qu'il avait réuni lundi matin à l'Elysée, il a mis en garde ceux qui «voudraient mettre en cause l'unité de la famille», visant ainsi Jean-Louis Borloo, mais aussi Christian Estrosi qui avait évoqué un «échec» lié à «une question de ligne et de stratégie». «C'est normal», a réagi le président, «il y a toujours des coups de pied de l'âne...».
La colère d'Estrosi
Une ruade qui n'a pas plu au député-maire de Nice. «Je n'accepte pas le coup de la solidarité. Pas ça, pas eux, pas à moi !», a-t-il éructé. «Il faut de la lucidité. Refuser de dire la vérité, ne pas dire que les cantonales ont été une défaite, ce serait un déni (...) Je suis un ami loyal, fidèle et sincère du président, pas un courtisan».
Si Gérard Larcher, le président du Sénat, a appelé son camp à éviter «les règlements de comptes» dans un entretien à La Croix, à paraître mardi, il semble que les snipers soient de sortie.
Copé accuse Fillon de ne «pas jouer collectif»
Ainsi du secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, qui a reproché sur Canal+ au Premier ministre, François Fillon de ne pas «jouer collectif» à propos du débat controversé sur la laïcité. «Il y en a, disons les choses, qui y ont trouvé l'occasion d'une posture», a-t-il lâché.
Alors que le journaliste suggérait le nom de «Fillon», Jean-François Copé a répondu après une brève pause : «Peut-être après tout.» Pourtant, le matin, le Premier ministre François Fillon avait semblé donner raison au chef de l'Etat, en soulignant, lors de la réunion à l'Elysée, que le parti ne devait «pas changer de cap».
«C'est un appel solennel à jouer collectif autour du président de la République», a déclaré à l'AFP Jean-François Copé, peu après ses déclarations sur Canal+. «Le débat sur la laïcité est un grand et beau débat, a-t-il affirmé, qui invite chacun à réfléchir à la manière de mieux vivre ensemble, dans une grande nation». Seulement lundi, peu de voix se sont élevées pour soutenir la tenue de ce débat. A l'inverse, les prises de position contre ce dernier se sont multipliées...
«Les musulmans de France se sentent aujourd'hui assignés à résidence religieuse»
Rama Yade, qui a rejoint le Parti radical de jean-Louis Borloo en décembre après son éviction du gouvernement, a de son côté regretté sur BFM la tenue du débat : «Les musulmans de France se sentent aujourd'hui assignés à résidence religieuse».
«Je suis totalement contre ce débat sur l'islam qu'on a ensuite transformé en débat sur la laïcité. Il faut l'abandonner car on donne encore l'impression de fustiger une communauté, après le débat très malheureux sur l'identité nationale», a de son côté estimé Michel Heinrich, député UMP et successeur de Philippe Séguin à l'Assemblée nationale.
L'homme en a «assez» de cette «course derrière le Front national» et s'est carrément interrogé sur son maintien au sein de la formation politique. «Cette stratégie a fonctionné» en 2007 pour la présidentielle «mais la ficelle est aujourd'hui trop grosse et plus personne n'est dupe», a-t-il lâché.
«Il est absolument vital de se rassembler»
«Il est absolument vital de se rassembler et non pas de se diviser», a insisté Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères. «Il ne faut pas avoir peur des débats, il faut simplement les organiser pour qu'ils soient rassembleurs et non pas diviseurs» car «toute séparation serait porteuse d'échec», a-t-il averti.
Après la réunion de l'état-major de l'UMP à l'Elysée, évoquant un «malentendu» de la part du porte-parole du gouvernement, certains responsables avaient indiqué que François Baroin serait amené à rectifier ses propos dans la journée. Ce n'est toujours pas le cas lundi soir à 21 heures.
source: le parisien