Dominique Strauss-Kahn a vécu une folle semaine. L'ex-patron du FMI a bénéficié d'un non-lieu mardi et a goûté à ses premiers jours de liberté ensuite. Alors que son retour en France est annoncé, un sondage paru ce vendredi montre que les Français lui tournent le dos et qu'ils ne souhaitent pas le voir reprendre la politique.
Le procureur Cyrus Vance explique, dans un long argumentaire de 25 pages adressé au juge, que Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui accuse DSK de l'avoir contrainte à une fellation dans une suite du Sofitel le 14 mai, avait menti de manière répétée aux enquêteurs. Néanmoins, l'enquête a mis en lumière des éléments matériels prouvant qu'il y avait bien eu une « relation sexuelle précipitée » avec l'ancien patron du FMI, mais qu'il était impossible « d'établir de manière indépendante qu'il s'agissait d'une relation forcée ». Nafissatou Diallo, selon le procureur, a donné « trois versions contradictoires » de ce qui s'est passé après sa rencontre avec DSK
. Confrontée à ses contradictions, elle a affirmé n'avoir jamais tenu les propos qu'on lui prêtait.
Ses mensonges ont « sérieusement entamé sa crédibilité de témoin » dans cette affaire, ajoute le procureur qui refuse de courir le risque de perdre un procès.
Une condamnation au pénal à New York ne peut être obtenue que par un jury unanime, convaincu « au-delà du doute raisonnable ». La recommandation du procureur est dénoncée comme un déni de justice par l'avocat de la femme de chambre.
Selon lui, le procureur « a refusé le droit d'une femme à obtenir justice dans une affaire de viol ». Les avocats de DSK, qui avaient plaidé non coupable le 6 juin, font savoir que leur client est « reconnaissant » de la décision du procureur.
Le juge Michael Obus a confirmé ce que tous attendaient, défense comme accusation : les charges pénales sont abandonnées contre l'ancien directeur du FMI, comme l'avait requis la veille le procureur Cyrus Vance Jr. Le magistrat le répète dans la salle d'audience de la cour suprême de New-York : il est impossible pour lui de prouver, « au-delà du doute raisonnable », que Dominique Strauss-Kahn a bien forcé Nafissatou Diallo à subir un acte sexuel dans la chambre 2806 de l'hôtel Sofitel de Manhattan. La femme de chambre, elle, s'est vu reprocher de ne pas être digne de foi, d'avoir donné « plusieurs versions des faits ». Le juge Michael Obus approuve, soulignant croire à la « bonne foi » du procureur et de l'enquête mené par ses services.
DSK s'exprime devant sa maison de TriBeCa disant « C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste. Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, pour ceux qui m'ont soutenu pendant cette période. J'ai hâte de rentrer dans mon pays mais j'ai encore quelques choses à faire avant de partir. Je m'expliquerai plus longuement à mon retour ».
Ayant obtenu un non-lieu depuisla veille, DSK n'en a pas pour autant fini de faire parler de lui. Et là, ce sont surtout ses proches qui parlent, justement. Dans un livre de David Revault d'Allonnes et Fabrice Rousselot Le Choc - New-York - Solférino, le feuilleton DSK dont les premiers passages sont publiés par Europe 1 et le Nouvel Observateur. Les proches de l'ex-patron du FMI et notamment les membres du PS s'expriment sur les mois qui ont précédé son arrestation... Certains révèlent également des conversations de ces derniers mois tumultueux.
Dans l'ouvrage Le Choc nous apprenons par la voix de Laurent Fabius comment son ami a vécu ses premiers jours dans le box des accusés. « Il est dans sa maison. Il tourne en rond. C'est horrible. Extrêmement pénible. » Des dires confirmés par un couple d'amis de DSK : « Il semble détruit. Un mec cassé, comme s'il était drogué. Il passe son temps à dire : 'Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'il m'arrive un truc pareil ?' ». Les auteurs expliquent alors que « le sentiment d'injustice a été tel qu'il aurait ressenti un désir de mort. C'est sans doute pendant les quelques jours passés dans sa cellule à Rikers Island que l'ex-directeur général du FMI aurait songé au suicide. » peut-on lire sur Europe 1.
« Soulagé » par le non-lieu prononcé à son égard, Dominique Strauss-Kahn passe sa première journée d'homme pleinement libre, chez lui, dans sa luxueuse résidence de TriBeca. Les journalistes, photographes et caméramen qui continuent de faire le pied de grue dans le quartier de Manhattan en restent pour leur compte, les volets de la maison de briques demeurant hermétiques tandis que les proches de DSK établissent un plan de communication pour le retour de l'ancien favori des sondages. Il a pu récupérer son passeport en fin de journée.
Selon un sondage, 80% des Français ne souhaitent pas que DSK revienne dans la course à la primaire socialiste. Une bonne nouvelle pour François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal et les autres. Une moins bonne pour DSK. Le rejet ne fait aucun doute. Quatre Français sur cinq disent « non » au retour de l'ex-patron du FMI et ce, malgré le classement de l'affaire par un juge de New York. Pire encore, ce refus est partagé par 77% des sympathisants de gauche et 89% de ceux de droite. Par comparaison, seuls 54% des Français s'étaient déclarés opposés à ce scénario lors d'une enquête équivalente en juillet.
Par ailleurs, Dominique Strauss-Kahn a récupéré jeudi son passeport, et fait savoir qu'il se rendrait ce vendredi à Washington pour rencontrer ses anciens collaborateurs du FMI, après l'abandon des poursuites contre lui pour crimes sexuels. L'ancien patron du Fonds monétaire international a anticipé son départ en raison de l'ouragan Irène qui se rapproche de la côte Est des États-Unis.
source france soir
