Découverte d'une villa et d'un village

Juvigny 

Un puits, quasi intact, profond d'environ deux mètres

Une villa de quinze pièces au moins, et un village : une importante découverte archéologique a eu pour cadre la carrière Blandin située entre les communes de Recy et de Juvigny. «C 'est difficile à dire encore : mais les propriétaires devaient être des gens riches ! ».
En hauteur, comme depuis une nacelle par exemple, on dirait le plan d'une maison à bâtir, autant de traits de coupes qu'on aurait délimités en blanc sur fond marron.
Sauf que ce blanc-là est deux fois millénaire. C'est de la craie. Ce sont les traces de fondations. Au sol, il est aisé à l'observateur d'en apprécier l'épaisseur, larges murs d'une soixantaine de centimètres.
Avec au minimum une implantation de cinquante-cinq mètres de long sur trente de large, il s'agit des fondations d'une très grande villa qui a été découverte sur le territoire de la commune de Juvigny, au lieu-dit « Les Monteux », en bordure de la départementale, sur la gauche en provenance de Recy. Une ancienne villa implantée sur l'actuelle carrière de l'entreprise Blandin.
Quinze pièces au moins
Archéologue à l'INRAP, institut spécialisé dans l'archéologie préventive, Nathalie Achard-Corrompt, se félicite de cette trouvaille : « Je n'en avais jamais vu de telles dans la région de la champagne crayeuse. je suis ici depuis dix ans ».
Au sein de l'ancienne villa, une quinzaine de pièces ont été révélées, délimitées au cordeau par une demi-douzaine d'employés de l'Inrap. Des pièces, il y en a d'autres, certifie la chef du chantier, mais elles se situent en dehors de l'enceinte des fouilles. Certaines ne pourront jamais plus être exploitées, car situées sur la route existante qui longe la carrière. D'autres devront attendre plusieurs années, quand le restant de l'exploitation sera exploré, « certainement pas avant deux ans ».

Le bleu de la richesse

Ici, des squelettes ont été découverts. Ainsi que des pièces de monnaies, des morceaux de céramiques, des micros morceaux de murs peints : quelques couleurs confortent décidément l'idée que la maison était celle de gens bien plus qu'aisés.
Comme le bleu par exemple : « C'était une couleur peu facile à obtenir ». Ah au fait, quelle époque daterait cette villa, par ailleurs chauffée par le sol, par ailleurs comprenant une partie thermale ? : » De l'époque gallo-romaine. On ne peut pas encore la dater avec précision. Les pièces de monnaies pourraient donner une idée, mais elles peuvent aussi dater d'une autre époque. Disons que cette villa date du Haut- Empire, entre 52 avant Jésus-Christ et 976 après. Les habitants pouvaient être soit des Châlonnais, soit des Rémois, qui utilisaient cette maison comme maison secondaire ».

Un puits de deux mètres

À côté de cette villa ont été découverts par ailleurs les restes d'un village enterré datant de l'époque des Carolovingiens ou des Mérovingiens.
Un puits fait également l'objet d'études profondes, qui s'enfonce très certainement à deux mètres de profondeur dans le sol de la carrière. Les pierres taillées qui en composent la circonférence pourraient avoir appartenu à la villa gallo-romaine.
Les études devront parler. Les travaux d'archéologie préventive devront être achevés normalement pour le 12 décembre.
Ensuite, l'attentif et le patient Guillaume Pénart directeur d'exploitation pour l'entreprise Blandin pourra retrouver l'intégralité de sa carrière…

Autant de traces blanches, autant de fondations…source:"l'ardennais"