Sedan:les « incivilités »au quartier du Lac

Le quartier du Lac est-il une zone de non-droit ?

Il semblerait que le quartier connaisse un regain du sentiment d'insécurité.

Poubelles jetées depuis les fenêtres, voitures brûlées, agressions, vandalisme, trafic de drogue, incendies volontaires au pied des immeubles… : les « incivilités » deviennent de plus en plus nombreuses au quartier du Lac, à Sedan.

 Sur place, les locataires s’alarment de voir ce secteur livré à lui-même.Feux de poubelles, dégradations, drogue, vols, agressions : les habitants du quartier du Lac ont retrouvé un quotidien qu'ils avaient presque oublié. Le sentiment d'insécurité est de retour

CERTES, on est à Sedan, pas dans le Bronx. Il n'empêche que les faits sont là. Philippe Joliot, adhérent de la CNL (Confédération nationale du logement) et administrateur au centre social Le Lac, ne cache pas son inquiétude.
 
Il habite le quartier depuis (seulement) cinq ans, mais il a déjà eu le temps de se faire une idée : « Je me souviens fort bien de mon arrivée ici, car on m'a cramé ma Laguna, qui m'avait été volée pour faire un casse. Mais, après tout ce n'était peut-être pas des gens du quartier… ».
 
Philosophe, voire fataliste, Philippe Joliot ne souhaite pas s'étendre sur son cas perso. Ce qui l'interpelle, c'est surtout le retour de ce sentiment d'insécurité : « Il y a toujours eu des problèmes dans ce quartier, mais pas à ce point-là. Je peux vous dire que les gens vivent très mal ce qui se passe ces derniers temps ».
 
Philippe en sait quelque chose puisqu'en mai dernier, il a distribué aux locataires des dizaines de questionnaires, une démarche initiée par la CNL : « J'ai fait du porte à porte et j'ai rencontré les gens. J'ai pu discuter avec eux et il est clair qu'il y a à la fois un sentiment de ras-le-bol général et de peur. C'est bien simple, après 20 heures, tout le monde est cloîtré dans son appartement. Certains n'ouvrent même plus ».
 
Depuis quelques mois, rares sont les soirées où il ne se passe rien au quartier du Lac. Les sapeurs-pompiers ne comptent plus leurs interventions pour éteindre les feux de poubelles et de containers à papier, le plus souvent au bas de la tour Rubis ou Saphir.
 
Cocktail Molotov
« Ils ont tenté d'incendier les bureaux d'Espace Habitat avec un cocktail Molotov. Ils ont également fait sauter l'armoire électrique de la tour Saphir. Depuis trois mois, on a quasiment droit à un début d'incendie tous les soirs. Mais, il n'y a pas que ça.

 Je vous passe les vitres brisées, les immondices répandues dans les parties communes, les voitures vandalisées ou encore la destruction des cabines téléphoniques. »

Reste à savoir qui sont ces « ils ». Dans le quartier on parle d'une « nouvelle équipe » qui pourrit la vie des riverains.
Dernièrement, une livreuse de pizzas s'est retrouvée plaquée au sol par deux individus dans le hall de la tour Rubis. Les deux auteurs ont pu être arrêtés. Il s'agissait de deux mineurs de16 et 17 ans.
 
Plus récemment, c'est un incendie, dont l'origine reste mystérieuse, qui a ravagé un appartement du 1er étage de cette même tour. Là encore, on a frôlé le drame.
« L'autre jour, en pleine après-midi, il y avait un jeune gars avec un mégaphone au beau milieu de l'Esplanade, qui hurlait « J'emmerde les politiques, j'emmerde la mairie ». Personne n'a rien dit. C'était presque normal ».
 
Les lendemains vont-ils enfin chanter au quartier du Lac avec le projet Anru, du nom de cette vaste opération de réurbanisation qui a pour but de débarrasser le quartier de ses grands immeubles et d'y implanter de plus petites unités de 4 à 6 logements ainsi que des pavillons. Philippe n'y croit pas.
 
« J'y crois d'autant moins qu'ils ont eu l'idée saugrenue de conserver la tour Saphir. Pourquoi maintenir cette verrue au milieu du quartier ?.».
Impuissant devant ces actes de petite délinquance plutôt usants au quotidien, Philippe fait comme beaucoup. Il reste dans le quartier parce que les loyers n'y sont pas chers*. Tout simplement.
O.R.
* A titre d'exemple, un T3 de 90 m2 se loue, tour Saphir, 420 euros toutes charges comprises.

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André Trotin : « Un quartier livré à lui-même »

André Trotin connaît bien le quartier du lac. C'est en 1979 qu'il a emménagé tour Saphir, avant d'être élu deux ans plus tard président du comité local de la CNL.

 Son analyse n'est guère encourageante : « Il est vrai que depuis quelques mois, le climat s'est encore dégradé dans ce quartier. Mais, cela fait des années que cela se dégrade.

 Quand je vois les sacs poubelles balancées par les fenêtres, les excréments et les immondices dans les halls d'entrée et les escaliers, les canettes cassées un peu partout, et puis toute la drogue qui circule… C'est à la fois effarant et décourageant.

 J'ai l'impression que ce quartier est livré à lui-même ». Face à ce constat, André Trotin n'a pas de solution miracle. Il déplore cependant le peu de présence policière sur le quartier, mai surtout la quasi-disparition des médiateurs : « A se demander ce qu'ils sont devenus...».source:"l'ardennais