"Soit tu es abattu et tu meurs, la maladie te bouffe. Soit tu te bats pour ne pas te laisser bouffer. Moi, je n'ai pas envie de mourir. Mais je n'ai pas peur. Je ne suis pas spécialement courageux, ni peureux", déclare Fignon, 48 ans, qui évoque sa carrière et le dopage au sein du peloton dans un ouvrage intitulé "Nous étions jeunes et insouciants", à paraître aux éditions Grasset.
"Si ça devait s'arrêter rapidement, je n'aurais pas beaucoup de regrets. J'ai eu une belle vie", explique Fignon, qui ignore pour l'heure le stade de son cancer.
L'actuel consultant de France Télévisions pour les grandes courses, qui avoue s'être dopé dans son autobiographie, n'a "pas honte de ce qu'(il a) fait. (...) J'ai fait le métier. Et dans notre métier, il y a la triche."
Comme ses médecins, le coureur minimise le lien entre son cancer et le dopage: "C'est un pur hasard. Ou un facteur aggravant, à la limite", poursuit Fignon, qui "pense que (l'EPO) s'est généralisée en 1993. A cette époque, on m'en a proposé. J'ai dit non."
Il "suppose" en revanche que des coureurs comme Miguel Indurain, quintuple vainqueur du Tour, Gianni Bugno et Claudio Chaippucci, prenaient de l'EPO dès 1991.
"Je leur (les médecins) ai dit ce que j'avais pris comme produits. Ça les a fait sourire, ils pensaient que c'était beaucoup plus. Les amphétamines, la cortisone à ces doses, c'était ridicule. Je n'ai jamais touché aux hormones de croissance", explique-t-il.
Fignon évoque aussi une rencontre avec le futur septuple vainqueur du Tour de France, l'Américain Lance Armstrong, qui venait d'apprendre son cancer. "D'après les toubibs, il allait mourir. On sentait en lui une grande tristesse et beaucoup d'énergie: une part de lui ne voulait pas se résigner. On n'avait pas passé une soirée amusante. Il était assez fermé. Je comprends. Si dans un mois on me dit que je suis condamné, je serai moins gai."