Jean-Francois Copé, Brice Hortefeux et François Fillon en novembre 2010. Il ne parlait pas encore de l'affaire Karachi. Aujourd'hui, c'est certainement le premier sujet de leurs conversations.
Jeudi, l'Elysée a diffusé un communiqué partiellement inexact. Ce vendredi, Brice Hortefeux a maladroitement justifié deux coups de fil passés à un proche, mis en examen dans cette affaire. L'exécutif s'empêtre dans un dossier de plus en plus toxique.
Face aux dernières révélations dans l'affaire Karachi, Nicolas Sarkozy a choisi, pour se défendre, de lancer un communiqué depuis l'Elysée. Celui-ci n'a pas tardé à lui revenir en plein figure, façon boomerang.
Jeudi après-midi, la présidence de la République diffuse un court texte qu'elle veut factuel. Sauf qu'il comporte des approximations assez grossières pour qu'une grande partie de la presse, dont LEXPRESS.fr, les relève.
Au-delà de ces inexactitudes, une phrase attire l'attention: "Le nom du chef de l'Etat n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier." Comment la présidence peut-elle le savoir? Nicolas Sarkozy n'est pas partie civile et n'a donc pas accès au dossier.
Les deux principaux syndicats de magistrats ont ainsi dénoncé une violation du secret de l'instruction, le président de l'Union syndicale des magistrats (majoritaire), Christophe Régnard, affirmant même à LEXPRESS.fr que cela "n'est pas conforme au code de procédure pénale et que ça mérite des explications".
Au Château même, on doute de la pertinence d'un tel communiqué. Selon Le Parisien, certains conseillers voient dans ce geste un aveu de faiblesse.
Pour l'exécutif, la riposte n'est pas facile à mettre en place.
Le chef de l'Etat et plusieurs membres de sa garde rapprochée étaient jusqu'à cette nuit à New York. François Fillon, lui, tenait jeudi matin une réception à Matignon. Tout s'est donc réglé au téléphone des deux côtés de l'Atlantique. RTL raconte ainsi qu'à l'issue de son discours, le Premier ministre a passé quinze minutes au téléphone, à l'écart de tout le monde, certainement pour prendre connaissance de l'axe de défense à servir aux médias. Celui-ci est simple: tout cela n'est que règlements de comptes politiques, classique à l'approche d'une présidentielle.
La défense bancale d'Hortefeux
Problème supplémentaire, ce vendredi matin, une révélation est venue chambouler ce plan com'. Le Monde a publié des extraits d'une conversation téléphonique entre Brice Hortefeux et Thierry Gaubert, tenue le 14 septembre dernier, soit une semaine avant la mise en examen de ce dernier pour de présumés allers-retours entre la Suisse et Paris, mallettes bourrées de billets aux mains.
Dans cette discussion, l'ancien ministre de l'Intérieur prévient son ami que son ex-femme, Hélène de Yougoslavie, est en train de "beaucoup balancer" aux policiers. "Qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu'elle me dit qu'elle dit rien", répond Thierry Gaubert. "Ça m'embête de te le dire par téléphone [...]. Il y a beaucoup de choses, hein", assure Brice Hortefeux.
L'ancien ministre est dans une position très inconfortable. Il ne peut pas nier avoir eu cette discussion, mais ne peut laisser penser qu'il a accès au dossier judiciaire. Il a donc expliqué que, s'il avait eu en main le PV de l'ex-femme de Thierry Gaubert, il aurait donné des informations précises à son ami. Et que, s'il savait qu'elle "balançait" aux policiers, c'est qu'il avait lu le scoop du Nouvel Obs.
Là encore, cette communication témoigne d'une certaine fébrilité, puisque le Nouvel Obs n'a fait mention du témoignage d'Hélène de Yougoslavie qu'une semaine après la conversation du 14 septembre.
L'unité sur le dos du PS
Pire, Brice Hortefeux reconnait avoir eu une seconde fois Thierry Gaubert au téléphone. Lundi, pendant la garde-à-vue de ce dernier. "Je ne savais pas qu'il était en garde à vue. Quand il a décroché, c'est lui qui me l'a dit. C'est la preuve que je n'ai accès à aucun élément du dossier", a expliqué à l'AFP l'ancien ministre. Belle défense, qui n'explique pourtant pas pourquoi un gardé-à-vue avait son téléphone sur lui.
Toutes ces approximations entretiennent le malaise. Et l'Elysée aurait bien besoin du concours des élus UMP pour faire bloc et défendre le chef de l'Etat. Problème, beaucoup d'entre eux sont en circonscription. L'Assemblée n'a pas encore véritablement fait sa rentrée et le Sénat est désert, à deux jours des sénatoriales.
Reste la stratégie classique: attaquer les socialistes. Jean-François Copé assure ainsi que "le PS est prêt à tout pour salir" Sarkozy. On se demande ce que vient faire le PS là-dedans
source l'express.
Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Nicolas Bazire.
Le parquet de Paris a décidé d'ouvrir une enquête pour violation du secret professionnel, après la révélation de deux conversations téléphoniques entre Brice Hortefeux et Thierry Gaubert.
La justice n'aura pas tardé à réagir à la révélation de deux communications téléphoniques entre Brice Hortefeux et Thierry Gaubert. Le parquet a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel. Celle-ci concerne également le motif de "recel".
Cette enquête vise les fonctionnaires qui auraient pu divulguer le contenu des écoutes et le recel auprès des médias qui les ont publiées.
Ce vendredi, Le Monde a publié des extraits d'une conversation entre l'ancien ministre de l'Intérieur et un proche de Nicolas Sarkozy, mis en examen dans l'affaire Karachi.
Dans ces extraits, on apprenait que Brice Hortefeux informait son interlocuteur de l'audition d'Hélène de Yougoslavie, son ex-femme et des informations qu'elle communiquait aux enquêteurs. "Qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu'elle me dit qu'elle dit rien", répondait Thierry Gaubert. "Ça m'embête de te le dire par téléphone [...]. Il y a beaucoup de choses, hein", assurait Brice Hortefeux.
Par ailleurs, l'ancien ministre a confié avoir eu au téléphone Thierry Gaubert une seconde fois lundi dernier pendant la garde-à-vue de ce proche du chef de l'Etat.
Plus tôt dans la journée, Brice Hortefeux a démenti "catégoriquement" avoir eu des informations sur la procédure judiciaire en cours. Dans un communiqué, il a demandé à "être entendu par la justice" et menacé "de porter plainte contre toute allégation mensongère et diffamatoire".
source l'express
Bonne Soirée
Parfaites maîtresses de maison, elles savent meubler les conversations qui se languissent et éviter, à l’occasion, de poser des questions indiscrètes. Hélène de Yougoslavie, 48 ans, et Nicola Johnson, 50 ans, furent respectivement les compagnes de Thierry Gaubert, 60 ans, et de Ziad Takieddine, 61 ans. Elles se retrouvent, aujourd’hui, au cœur de l’enquête sur le volet financier de l’affaire Karachi.
Hélène de Yougoslavie, petite-fille du dernier roi d’Italie, a 25 ans lorsqu’elle épouse Thierry Gaubert, lui-même divorcé de l’héritière des casinos Desseigne. L’homme est un intime de Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine, qui célèbre cette union. Nicola Johnson, elle, a rencontré Ziad Takieddine en 1980, sur les pistes d’Isola 2000 dont il est à l’époque le gérant, puis l’a épousé en Grande-Bretagne cinq ans plus tard. Aujourd’hui, le divorce d’Hélène de Yougoslavie « est dans les tuyaux », indique une de ses proches.
Celui de Nicola Johnson, long et houleux, vient d’être confirmé en appel à ses torts exclusifs… mais assorti d’une prestation compensatoire de 3 M€. L’ex-Mme Takieddine vit à Londres. Hélène de Yougoslavie est restée à Paris.
Les deux femmes, très amies, « s’appellent régulièrement », confie une de leurs intimes. Elles ont choisi leurs défenseurs, Mes Léa Forestier et Joseph Breham, au sein d’un même cabinet d’avocats, celui de Me William Bourdon, connu pour ses combats contre la corruption. Récemment entendues dans le volet financier de l’affaire Karachi, leurs révélations, fracassantes, ont donné un énorme coup d’accélérateur au dossier. Sur la foi de leurs témoignages et des éléments saisis en perquisition, leurs ex-compagnons viennent tous deux d’être mis en examen pour « recel d’abus de biens sociaux » par le magistrat en charge du dossier, Renaud Van Ruymbeke. Nicolas Bazire, lui aussi intime d’Edouard Balladur et de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen hier à son tour. La liste n’est pas close.
« Elles sont celles par qui le scandale arrive, témoigne une de leurs proches. Mais leurs motivations ne sont pas les mêmes. » Il y a du ressentiment chez Nicola Johnson, que son ex-époux Ziad Takieddine présente comme une femme infidèle et à laquelle ce multimillionnaire a âprement disputé le moindre centime.
Décrite comme fragile et timide, Hélène de Yougoslavie n’aurait, elle, « aucun désir de vengeance » à l’égard de son ex-compagnon et souffrirait, aujourd’hui, d’être considérée comme une traîtresse. « Des documents saisis en perquisition lui ont été présentés, elle a été obligée de parler à la justice pour éviter d’être considérée comme une complice, explique son avocate, Me Léa Forestier. Ma cliente n’est jamais entrée dans des intrigues florentines. Elle est consciente d’avoir été un peu insouciante durant son mariage. Ses déclarations, qui s’apparentent à une attaque contre le clan des puissants, ne vont pas lui faciliter la vie.
source le parisien
Humour: Affaires Karachi
La Présidence de la République tient à apporter les précisions suivantes :On s'interroge. Maître Morice, avocat des familles de victimes, dégaine à son tour, sur Canal+: comment l'Elysée a-t-elle eu accès au dossier ? Et il accuse : « Brice Hortefeux, conseiller de Nicolas Sarkozy, a été en contact avec Thierry Gaubert pendant sa garde à vue ».
- M. Nicolas SARKOZY n'a jamais dirigé la campagne de M. Edouard BALLADUR.
- Il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne. Il en était le porte-parole.
- S'agissant de l'affaire dite de « Karachi », le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger d'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure.
- Les familles des victimes de l'attentat de Karachi ont droit à la vérité et au respect de leur souffrance.
Tout le reste n'est que calomnie et manipulation politicienne.
Brice Hortefeux, ici avec Nicolas Sarkozy, en septembre 2010.
L'ex-ministre de l'Intérieur a appelé Thierry Gaubert, mis en examen dans l'affaire Karachi, pour lui dire que sa femme "balance beaucoup". Suivez les derniers déroulements de l'affaire en direct.
11h52: Dans une brève conversation avec un journaliste des Inrockuptibles, Brice Hortefeux confie: "Sur le fond c'est très simple: Thierry Gaubert a travaillé avec moi en 1994-1995, c'est resté un ami, j'étais préoccupé pour lui, j'ai entendu des rumeurs donc je l'ai appelé pour lui en faire part, savoir si c'était fondé ou pas. Point barre c'est tout."
11h30: Sur Europe 1, toujours, Magali Drouet, fille d'une des victimes de l'attentat de Karachi, exprime sans fard ses interrogations sur l'implication de Nicolas Sarkozy dans l'affaire. "Nous ne sommes les marionnettes de personne", affirme-t-elle notamment. Ecoutez l'intégralité de l'interview ci-dessous.
11h20: L'avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi, Me Olivier Morice, indique à plusieurs journalistes u'il a demandé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "violation du secret de l'instruction et entrave à la justice", à la suite des dernières révélations. Pour lui, "les faits sont extrêmement graves et nous voyons bien qu'il y a une panique manifeste à l'Elysée et qu'on veut tout faire pour étouffer ce scandale."
10h25: Interrogé par Europe 1, Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, rappelle que la loi interdit de publier les délibérations de cette institution. Certains demandent que ce soit le cas pour la validation des comptes de campagne d'Edouard Balladur en 1995, au coeur du scandale Karachi.
10h20: La Commission consultative du secret de la défense nationale vient d'émettre trois avis favorables à la déclassification de documents réclamés par les juges qui instruisent les dossiers Karachi. Un avis défavorable a aussi été publié, au Journal officiel. C'est maintenant aux ministères concernés, c'est à dire l'Intérieur, la Défense et le Budget de décider de suivre, ou non, ces avis. C'est en général le cas. D'ailleurs, le ministère du Budget l'a fait, en début de semaine,au sujet d'un courrier de l'ex-Direction générale des impôts.
9h12: RTL donne la parole à un ancien employé du QG de campagne d'Edouard Balladur. Alexandre Galdin, entendu comme témoin, raconte notamment qu'il a porté à la banque une vingtaine de valises remplies d'argent liquide, allant jusqu'à 500.000 francs, soit 76.000 euros. Il pensait qu'il s'agissait des fonds secrets.
9h: Le Monde publie une véritable bombe. Le journal a eu accès à des écoutes téléphoniques qui mettent en cause Brice Hortefeux. Ce dernier a appelé le 14 septembre Thierry Gaubert pour le prévenir que sa femme, Hélène, "balançait beaucoup" devant le juge chargé de l'enquête sur l'affaire Karachi. Brice Hortefeux confirme avoir eu Thierry Gaubert au téléphone. Pour lire l'intégralité de l'article du Monde, c'est ici.
source l'express